jeudi, 30 novembre 2017 08:36

L'imposture Blanquer

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En cette fin d’octobre 2017, JM BLANQUER s’est produit au micro d’Yves CALVI sur RTL, en principe en écho à la parution du hors-série du magazine « le Point » consacré à l’apprentissage des mathématiques par la méthode dite de Singapour...

Le thème de l’émission fut donc : «  Maths, la méthode de Singapour ». En réalité, il n’en a pas du tout été question et tout, dans l’émission, fut le miroir de l’imposture de JM BLANQUER et de la collusion du media avec le système.

Quod de la méthode de Singapour ?

C’est une méthode d’apprentissage des mathématiques dont l’efficience est reconnue et attestée par les palmarès aux résultats internationaux. Bien qu’elle n’ait pas été créée ex-nihilo, elle est désignée « méthode de Singapour » du fait qu’elle résulte d’une synthèse faite à Singapour de tout ce qui fonctionne bien à l’étranger dans les classes primaires.Le principe en est simple : étudier en profondeur les notions de base expliquées clairement et brièvement, puis mises en application dans la résolution de nombreux problèmes.

Pour ce qui est de cet aspect de la méthode, on peut dire que c’est celle traditionnellement en usage en France avant  la mise en oeuvre de tous les délires anti-pédagogiques  qui détruisent tous les fondements de la logique et du bon sens et qui mènent nos enfants à la catastrophe. Ceux qui ont eu la chance d’ être scolarisés avant ce vent de folie, savent combien de problèmes ont dû être résolus pour mettre en application des notions apprises et comprises et que les résultats étaient bons. Par contre, il semble que, dans la méthode dite de « Singapour » s’y ajoute un aspect ludique qui n’existait pas dans notre culture scolaire. 

Présentation de l’émission

 Y. CALVI annonce de façon tonitruante : « Tous ceux qui passeront à l’antenne pour interroger JM.BLANQUER gagneront aujourd’hui ce hors-série du « Point » intitulé, « les maths, la méthode Singapour – acquérir les fondamentaux grâce au meilleur enseignement du monde ».

Nous nous attendions donc à ce qu’il y ait « plein feux » sur la méthode et que  ce monsieur BLANQUER dont beaucoup voudraient encore croire qu’il est un ministre meilleur que les autres et qu’il veut remettre les choses en ordre, allait nous annoncer la mise en place de cette méthode pour nos enfants. En réalité, il n’a été question ni de l’analyse de cette méthode ni de l’intention de la mettre en œuvre pour nos enfants ; il a d’ailleurs été peu question de mathématiques, assurément pour ne pas risquer mettre en difficulté Monsieur BLANQUER.

Par contre, nous avons pu assister à un festival de mensonges, de faux-semblants, d’intentions louables – comme nous en avons l’habitude avec chacun de nos ministres - mais sans décisions correspondantes, de mots et de phrases-valises, de mauvaise foi, enfin ! rien qui puisse permettre d’espérer quoi que ce soit d’amélioration.

5 auditeurs sont intervenus 

1er auditeur :« Comment remédier, en terminales scientifiques, aux grandes difficultés en mathématiques, quand la grande majorité des élèves – hormis les élèves pouvant être très accompagnés à l’extérieur - n’ont aucune des connaissances qui auraient dû être abordées dans les classes antérieures ? » (fin de phrase résumée)

Aïe ! aïe ! aïe ! cela renvoie à la question des méthodes d’enseignement des mathématiques et Y.CALVI vient tout de suite au secours du ministre BLANQUER : « C’est la question qui est posée au ministre : ces terminales, on leur demande beaucoup de travail… »( ?) Curieux ! nous n’avions pas compris çà !

En guise de réponse, JM. BLANQUER commence par donner un grand coup de « brosse à reluire » : « D’abord, je salue ce que vous êtes, la France a besoin de gens comme vous…c’est important de dire à quel point vous êtes essentiel pour le pays… puis enchaîne « …cela renvoie à la question de notre capacité  à rehausser le niveau de mathématiques et nous avons besoin, un petit peu (un petit peu seulement !) de solidifier aujourd’hui les choses par les parcours pédagogiques de façon à ce que les élèves arrivent en lycée avec le niveau de maths qui convient.

A première vue, ce discours donne le sentiment d’une intention louable mais quand sait que les parcours pédagogiques ne sont rien moins que l’absence de cours remplacés par des activités dites pluri-disciplinaires c’est-à-dire des activités au cours desquelles les élèves sont censés construire leur savoir dans différentes disciplines à la fois,  nous avons la preuve évidente de la poursuite de la politique engagée par les prédécesseurs de JM BLANQUER et qu’il n’y a aucune chance, pour les élèves, d’être bons en mathématiques, pas plus que dans les autres matières, appréhendées de la même façon.

Le ministre poursuit : « aujourd’hui, il y a un affaissement, il faut donc reprendre les choses à la base, c’est le sens de ce que nous faisons… » Ah ! bon ? avec les parcours pédagogiques ? « intéressant » !

Y.CALVI vient une nouvelle fois à sa rescousse : « je voudrais être bien sûr de la réponse que vous faîtes, vous lui dites : on ne va pas baisser le niveau, on va tirer tous les élèves par le haut c’est çà ? » 

Ah ! quel merveilleux journaliste ! « C’est çà ! c’est tout à fait çà ! » lui rétorque le ministre en parfaite osmose avec CALVI  et nous prenant vraiment , l’un comme l’autre, pour des billes !

Et le ministre poursuit en disant que tout le monde a un potentiel mathématique et que, par ailleurs, il y a la question « du temps consacré, (celle) de la formation que nous donnons aux professeurs , les parcours que nous envisageons en mathématiques et le soutien que nous sommes capables de donner ».

En ce qui concerne la formation des professeurs du primaire pour nos enfants, dont le recrutement se fait aujourd’hui sur la base de personnels sans qualification entièrement formatés dans les IUFM/ESPE  où l’on « serine » aux stagiaires qu’ils n’ont rien à transmettre, on ne voit pas bien comment pourrait se faire un enseignement sérieux des mathématiques !

Il reprend ensuite cette question de parcours dont nous venons de voir la vacuité, puis il poursuit : « …une des dimensions de la question de notre auditeur, c’est aussi la capacité de faire un peu de soutien scolaire. Or, il va y avoir la mesure « devoirs faits » opérationnelle après la toussaint : aide gratuite pour les élèves qui en ont besoin, au collège, avec l’aide de professeurs et d’assistants d’éducation ».

Re-« coup de pouce » d’Y CALVI : « on a l’appui des professeurs dans la discipline qu’on est en train de travailler, on est d’accord ! »

Ce n’est pas merveilleux tout çà ?  sauf, que ce soutien scolaire existe seulement dans les réseaux d’éducation prioritaire (R.E.P. c’est-à-dire pour les élèves issus de l’immigration)

Le 2ème auditeur soulève la question du manque de professeurs de mathématiques.

Réponse du ministre : « …nous arriverons sur la durée, en ayant tout simplement ( !) plus d’étudiants en maths, plus de professeurs de maths… » Tout un programme ! va-t-on vraiment susciter des vocations en mathématiques chez nos enfants, avec l’instauration des parcours pédagogiques qui leur sont destinés? seuls les élèves des R.E.P. auront reçu une formation solide, ce sont eux qui seront les professeurs de demain, les seuls capables d’enseigner les petits français devenus leurs obligés !

Un 3ème auditeur qui a échappé au filtrage, met le doigt là où « çà fait mal » , mettant bien en évidence les écarts profonds entre la politique d’éducation dans les banlieues et celle de la France profonde quand ce Monsieur BLANQUER voudrait nous faire croire que la politique est la même pour tout le monde : « Vous voulez créer (le président de la république et vous-même) des classes de 12 élèves dans les zones dites « sensibles », j’aimerais savoir ce qu’on appelle « zone sensible » car il y a, en France, des endroits difficiles… comme les banlieues ou certaines villes… mais il y a aussi le milieu de la ruralité où on a des classes de 25-27 élèves et à qui l’on dit : vous n’êtes pas suffisants, il en faudrait 30, on va fermer vos classes. Que comptez-vous faire concrètement ?

Y.CALVI revient à la rescousse du ministre en déformant honteusement les propos de l’auditeur : « çà pose la question en fait, on pourrait dire, de la fraternité et de l’équilibre : on doit faire des efforts pour nos banlieues, c’est évident ( ?) tout le monde est d’accord là-dessus ( ?)

Non Monsieur ! non ! pas dans les conditions que vous savez : une école d’excellence pour les banlieues et une école-lieu de vie pour nos enfants ! Non ! pour nous, c’est non !

Y.CALVI poursuit :« … Mais si, dans le même temps, on ferme des classes en zone rurale, çà choque les français et j’ajouterai … que çà favorise le vote du Front National (…) parce que je pense que c’était le sous-entendu de la question, même s’il n’était pas exprimé (…)… en tout cas, on peut l’aborder comme çà (…)

Surtout, ne vous gênez-pas ! Le problème pour Y.CALVI, ce n’est pas celui évoqué de la ruralité et de l’équilibre de la scolarité pour nos enfants, mais que le Front National puisse être favorisé en dénonçant cette politique. A noter que la parole n’a jamais été redonnée à cet auditeur !

En guise de réponse, JM.Blanquer s’est surpassé en mensonges : « Bien entendu, c’est une politique globale que nous avons … »

FAUX ! il y a une politique d’éducation prioritaire et une politique d’éducation pour nos enfants, avec des principes d’éducation totalement opposés.

«… Ce que vous décrivez correspond au passé … » FAUX !

« … Nous avons une politique très volontariste en milieu rural… », laquelle ?

Il a le culot de dire à l’auditeur : « il ne faut pas opposer une France à l’autre : il y a une politique générale à l’école primaire pour tous les enfants de France ».

FAUX ! ARCHI-FAUX ! nous ne dirons jamais assez que la refondation de l’école pour nos enfants est basée sur le constructivisme  sans obligation de résultat quand la refondation de l’éducation prioritaire est basée sur la transmission des savoirs et l’excellence des résultats.

JM.BLANQUER poursuit : « Notre mesure, nous l’avons appelée « 100% de réussite au CP ». En ce moment même, nous avons une mobilisation pédagogique pour que tous les enfants de France bénéficient de çà… ne croyez pas qu’on ne regarde qu’une partie du territoire, c’est tout le territoire qui est concerné par cette politique. 

FAUX ! ARCHI-FAUX ! cette mesure « 100% de réussite au CP » est réservée aux R.E.P. et particulièrement aux REP+ où sont scolarisés les enfants de clandestins : plus de maîtres et formés spécialement pour appliquer  des méthodes pédagogiques efficaces.

Le 4ème auditeur aborde la question de la dyslexie et le ministre déclare : « …On doit être à la pointe de ce qui se passe en recherche pour apporter des solutions concrètes » déclare JM.BLANQUER.

Monsieur BLANQUER, il n’y a qu’une solution pour vaincre la dyslexie : une méthode alphabétique de lecture. Les enfants atteints de dyslexie sont rééduqués par les orthophonistes de cette façon : une méthode de lecture est devenue un protocole de traitement ! Alors, Monsieur BLANQUER, parlez-vous de réhabiliter cette méthode de lecture pour nos enfants ? c’est pour quand ?

« Encore une fois, le but, c’est de tirer tout le monde vers le haut, quand je dis tout le monde, c’est tout le monde ».

Et quand vous dîtes tout le monde, Monsieur BLANQUER, c’est vraiment tout le monde, toute la planète confinée dans les R.E.P. ,  mais surtout pas nos enfants !

 Le 5ème auditeur a évoqué un problème de manque de places de stages en entreprise.

CONCLUSION

Une seule question sur les 5 auditeurs a porté vraiment sur les mathématiques contrairement à ce que nous aurions pu penser et rien sur la méthode de Singapour. Mais l’opération de  communication est excellente : évocation de la méthode de Singapour en annonce laissant à penser que c’est le sujet de l’émission et l’indice de la mise en œuvre de cette méthode par le nouveau ministre pour laisser croire qu’il se démarque de la politique précédente  alors qu’il n’en  est rien.

Néanmoins, en lisant « le Point » qui y est consacré, on se rend compte que cette méthode avec laquelle il n’est absolument pas envisagé d’enseigner les mathématiques à nos enfants pour qui sont prévus seulement des « parcours pédagogiques », est par contre, enseignée dans les R .E.P. puisqu’il est fait mention de stages de formation pour les enseignants et de plus de 120000 enfants qui auraient déjà bénéficié de cette méthode, sachant que les professeurs enseignant en R.E.P. bénéficient d’une formation spécifique dans tous les domaines. Si cette situation avait concerné nos enfants, JM.BLANQUER se serait fait fort d’en parler. Il  s’en est bien gardé !

Alors ! que ceux qui se risquent encore à croire que ce nouveau ministre est moins pire que les autres retrouvent leurs esprits ! non seulement il n’est pas moins pire, mais il est bien pire ! toutes les décisions prises en faveur de l’efficacité du système éducatif sont destinées uniquement aux R.E.P. et toute la communication de JM.BLANQUER est basée sur le mensonge, visant à nous faire croire que ces décisions s’appliquent à tout le monde, c’est-à-dire également à nos enfants, ce qui est totalement faux.

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