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mardi, 07 février 2012 13:54

La "barbe à papa" de la "transversalité"

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Grand « pilier » pseudo-pédagogique de l’actuelle refondation de l’Ecole du primaire à l’université, le principe  de « transversalité »  ou « interdisciplinarité » détruit les fondements de toute institution scolaire. Dans cette logique de « transversalité », l’élève est censé construire son savoir à travers des activités qu’il choisit et au cours desquelles il « s’instruirait » dans différentes disciplines à la fois : français, maths, histoire, géographie, sciences… disciplines d’enseignement destinées, de ce fait, à ne plus être enseignées – «… du passé, faisons table rase… »

 Ce principe induit, pour l’instant, des suppressions d’heures de cours dans certaines disciplines seulement, mais dans des disciplines fondamentales (français, maths, sciences…) avec pour objectif  d’aboutir à court terme, à la suppression totale des cours, remplacés par des activités, seules.

Pourquoi cette suppression des heures de cours et leur remplacement par des activités a d’abord lieu dans les disciplines fondamentales? parce-qu’en supprimant l’enseignement dans ces disciplines, les réformateurs tuent le nerf de l’intelligence et créent ainsi l’impossibilité, pour les « élèves »,  d’être réceptifs  à un enseignement dans d’autres disciplines ; cet état de fait présente donc     l’ « avantage », pour les réformateurs,  de pouvoir s’appuyer sur un constat de difficultés des enfants à appréhender des connaissances pour justifier leur révolution « pédagogique ».

En conséquence de ce principe, est prévu le regroupement des enfants de niveaux et d’âges différents avec, en corollaire, l’organisation de l’école en cycles – ce qui est corroboré par la « possibilité d’éclatement du groupe-classe », préconisée par le Ministre de l'Education, cycles amenés à  se substituer progressivement à celle de « classe » qui permettait de fixer, à un moment précis du parcours scolaire de l’enfant, les connaissances à acquérir, les moyens pédagogiques nécessaires à son apprentissage, les moyens d’apprécier la qualité de son travail et sa progression.

Regroupant les enfants par cycle, il s’agit d’enfants de niveaux et d’âges différents réunis pour qu’ils réalisent ensemble des activités au cours desquelles ils sont censés « construire leur savoir » et leur personnalité : plus question de niveau à atteindre ; à noter aussi, dans cette logique, que toute activité de l’enfant est collectivisée, collectivisation se poursuivant tout au long de la « scolarité », alors que la formation intellectuelle ne peut résulter que d’un travail et d’efforts personnels.

L’application de ce principe de « transversalité » ou d’« interdisciplinarité » induit, pour l'instant, un regroupement des professeurs de différentes disciplines, ce qui est confirmé par le Ministre de l’Education qui déclare que les formation des maîtres doit permettre de      « sortir des cloisonnements disciplinaires » , les « cloisons » étant matérialisées par les « disciplines » enseignées.

L'application de ce principe est également matérialisée par l’effondrement des exigences au concours de recrutement du CAPES résultant de la réforme de 2009, exigences disciplinaires désormais alignées sur les programmes des lycées (…); Par ailleurs, la part des disciplines se réduit comme une « peau de chagrin », voire disparaît totalement de ce concours : ainsi, en lettres classiques, elle passe de 80 à 40%, et en arts plastiques, de 70% à 0%...

C’est  ce qui explique aussi qu’un corps unique d’ « enseignants » soit en cours d’élaboration ( regroupement CAPES, CAPET, CAPLP…)  avant que soit acquise la suppression complète de ces concours, seulement envisagée pour l’instant car,  l'enseignant  reconverti en animateur tout terrain, est appelé à ne plus avoir  de compétences disciplinaires du tout : elles ne seront plus une exigence de recrutement, supplantées par le critère du « profil » du postulant apprécié par le chef d'établissement désormais en charge du recrutement.

Voilà un des aspects de l’avenir de l’ « Ecole » reconvertie en lieu de vie.

En réalité, la "transversalité" sur un sujet donné ne se conçoit que dans la perspective d'une synthèse que seuls les esprits brillants et cultivés, qui maîtrisent l'ensemble des disciplines, sont capables de réaliser, mais n'a aucune crédibilité comme méthode d'apprentissage; à ce niveau, c'est de la "barbe à papa", c'est du vent!

 

 

Lu 9915 fois Dernière modification le lundi, 25 juin 2012 14:44