mardi, 20 mars 2012 15:18

Hollande "le fossoyeur" en campagne

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La comédie que nous jouent nos hommes politiques est vraiment de très bon goût et d’une très grande finesse ! Luc Chatel considèrerait que François Hollande lui aurait volé ses idées relativement à son programme sur le système éducatif, ramenant ainsi  le sujet au niveau du « M’sieur il a copié » ! C’est tout ce qu’ils ont trouvé pour masquer la concordance de politique entre la gauche et la « droite » par le fait que François Hollande compte bien entériner les réformes en cours dans le cadre de la refondation du système éducatif que Nicolas Sarkozy mène « au pas de charge ». Il fallait tout de même y penser ! « Nos » - hélàs !-  « hommes politiques » ne manquent décidément pas de « ressources » pour nous nous prendre pour des billes !...

Dans son discours dans le Loiret fin février 2012, François Hollande prétend proposer une « réforme globale du système éducatif ». En réalité,  cette prétendue réforme globale ne représente que la  dernière phase de la grande réforme révolutionnaire de l’Education entamée dès 1947 sur la base du plan Langevin-Wallon  et mise en œuvre par étapes, souvent franchies dans la douleur - pour les enseignants, pour les enfants, pour les parents et pour la France !- avant d’aboutir à notre anéantissement et dont l’essentiel du contenu se ramène à métamorphoser l’institution scolaire en centre d’activités avec en corollaire, la création d’un corps professoral unique de la maternelle à l’université et sa formation à la pédagogie active , dans le sens d’ « activités » en remplacement des cours.

Cette phase ultime peut donner le sentiment d’une réforme globale nouvelle du fait que c’est à cette phase ultime que le système « bascule », mais ce basculement  n’est pas du tout déconnecté de ce qui s’est fait précédemment, il n’en est que l’aboutissement. Est-il besoin de rappeler que Langevin et Wallon étaient communistes et que l’inspiration révolutionnaire ne peut échapper à personne, se situant dans une "vision"  très robespierriste de l'Ecole !

 Que propose François Hollande ?

 1 - Pour faire de l’animation et non plus de l’enseignement, il faut davantage de personnel : François Hollande compte créer 60000 postes pour augmenter le « taux d’encadrement » des élèves par les « professeurs » - dit-il - en primaire. En réalité, nous savons qu’il s’agira surtout d’ « assistants d’éducation »  à qui il ne sera demandé que d’avoir « le profil » et non pas le diplôme - dont il n’est plus du tout question – puisqu’il ne s’agit plus d’enseigner mais d’accompagner les élèves dans leur projet.

 2 – François Hollande entend supprimer les évaluations de CE1 et de CM2  (!) ajoutant : « les évaluations permanentes qui aujourd’hui, accablent (sic) les professeurs, les empêchent d’enseigner ( sic), angoissent les enfants et leurs parents ! (resic) ». Cette disposition rejoignant l’avis du Haut Conseil de l’Education – constitué des plus cyniques pédagogistes - qui les juge peu fiables !!! comme par hasard !

En réalité, cette mesure est justifiée par le fait de la révolution complète de l’école-instruction en « lieu de vie récréatif », où l’idée de transmission des savoirs est balayé ; de ce fait,  les enfants deviendront désormais totalement incapables de répondre favorablement aux évaluations précédemment mises en place : sous prétexte d’ « accablement » des professeurs et d’ « entrave » à leur enseignement, sous prétexte également d’angoisse des enfants et de leurs parents,  les contrôles correspondants seront donc supprimés: plus de contrôles, plus de problèmes, ce qui  a toujours été la logique de la destruction du système depuis 60 ans : quand les enfants ne sont plus en mesure de répondre avec satisfaction aux exigences préalables du système éducatif du fait de la mise en oeuvre des délires pédagogistes, les moyens de contrôle sont supprimés ; c’est ainsi que la suppression de  l’examen d’entrée en 6ème a eu lieu en 1960 après la généralisation des méthodes globales de lecture dans les années 50 , méthodes qui rendaient les enfants incapables d’acquérir une formation intellectuelle et les connaissances qu’ils étaient capables d’appréhender avec les méthodes traditionnelles : rendus inaptes à répondre aux exigences de l’examen d’entrée en 6ème  : plus d’examen d’entrée en 6ème, « plus de problème » !

Avec François Hollande, c’est toujours dans la même logique. Ce qui corrobore bien que François Hollande compte entériner l’école-lieu de vie  dont la mise en œuvre est en cours ; nous ne sommes plus dans la logique d’une école dans laquelle les évaluations sont essentielles pour  permettre à l’enfant de faire le point des acquisitions et faciliter sa progression.

 3 – François Hollande souhaite que le passage de l’école primaire au collège ne soit plus un moment de rupture pour les élèves. Cela sera possible grâce à une refonte des programmes scolaires « afin d’être en cohérence avec le socle commun de connaissances et de compétences, qui définit ce que tous les jeunes doivent savoir à 15 ans ! »

Nous ne cessons d’entendre que la rupture entre le rythme de l’école primaire et celui du collège serait trop dur pour les enfants et qu’il faut changer le système ! En réalité, ce  leitmotiv est destiné à justifier la primarisation en cours du collège , le « socle commun de connaissances et de compétences » ne devant être acquis qu’à 15 ans ! Ainsi,  François Hollande  ne fait qu’entériner le processus mis en œuvre par Nicolas Sarkozy de la primarisation du collège avec la « classe » de 3ème comme "horizon de la fin de l’école primaire".

 4 - François Hollande dit vouloir réformer la formation des enseignants : c’est une mesure logique dans la perspective de l’école lieu-de vie où les enseignants n’enseignent plus mais font de « l’accompagnement personnalisé » dans le cadre de projets des élèves et non dans le prolongement des cours . C’est également prévu dans le programme de Nicolas Sarkozy.

Et alors que les enseignants sont totalement déboussolés par cette révolution scolaire, François Hollande n’hésite à prétendre avec un cynisme froid : «…c’est une mesure très attendue par les enseignants… » !!!  poursuivant : « l’année de stage sera rétablie » et des « écoles supérieures du professorat et de l’éducation » seront créées. Ces établissements formeront tous les enseignants « quels que soient leurs niveaux de recrutement, qu’ils se destinent à enseigner en maternelle ou à l’université … Les universités conserveront  la responsabilité de qcette formation… ».

Tout est dit ! Nous voilà  arrivés à la phase finale du plan Langevin-Wallon : la formation unique des professeurs de la maternelle à l’université prônée par ce plan : tous les  enseignants-qui-n’enseignent-plus sont à la même enseigne , qu’ils oeuvrent dans le primaire ou à l’université, ils recevront la même « formation » c’est donc bien dire qu’il s’agit de balayer le savoir et la formation formation intellectuelle pour faire place à un lieu de vie récréatif de l’école maternelle à l’Université incluse.

De plus, François Hollande précise que leur formation sera assurée dans des « écoles supérieures du professorat et de l’éducation », les universités conservant la responsabilité de leur formation. En clair, qu’est-ce que cela signifie ? Que, contrairement à ce qui a été claironné, les IUFM n’ont jamais été supprimés (cf. l’art.« Nicolas Sarkozy a-t-il réellement enterré les IUFM ? ») ; ils ont été fusionnés avec les universités en 2005 et cette fusion a été passée sous silence car ils sont destinés, non pas à avoir un rôle de second rang contrairement à ce que l’on pourrait penser, mais à supplanter  progressivement l’enseignement disciplinaire des universités pour assurer la formation de tous les enseignants-qui-n’enseignent-plus, du primaire à l’université : c’est cela, la réalité de ces « écoles supérieures du professorat et de l’éducation » - nouvelle appellation des IUFM où l’enseignement disciplinaire est appelé à être balayé et, seule la fusion préalable de ces deux institutions a pu permettre de masquer cette subversion et l’atteinte, à terme, de cet objectif, à l’insu de tous…

Et, au moment où François Hollande signe l’achèvement de la destruction de l’institution scolaire, il n’hésite pas à déclarer qu’il souhaite ainsi «redonner à l’Education Nationale son rôle exemplaire de promotion sociale et républicaine et regonfler le vivier par la mise en place d’un pré-recrutement dès la licence" !!! On reconnaît bien là, la marque des révolutionnaires que de faire l’inverse de ce qu’ils disent! Langevin et Wallon n’avaient-il pas prétendu, en présentant ce plan de destruction à une époque où notre système éducatif était éminemment structuré, considéré comme un des meilleurs au monde sinon le meilleur, et d’où sortaient les plus brillants élèves : «…Une réforme complète est nécessaire et urgente pour remplacer cette construction disparate (sic)  par un ensemble clairement ordonné et susceptible de satisfaire tous les besoins… » . Ne prétendaient-il pas également « projeter pour la France un grand système éducatif démocratique pour lui permettre de rattraper son retard (sic) dans ce domaine décisif de la compétition avec les autres pays développés  (Etats-Unis, Royaume-Uni…) . Le cynisme des révolutionnaires est sans limites !

 A la fin de son discours, François Hollande lance un appel aux syndicats  « pourquoi ne pas discuter aussi du métier d’enseignant pour le faire évoluer, le rendre plus attractif, plus heureux, plus efficace et qu’il puisse atteindre ses nouveaux objectifs ? » …Comme si cela lui venait subitement à l’idée ! Faire évoluer le métier d’enseignant, le rendre plus attractif ? accompagner un projet d’élève, faire de l’animation, c’est plus attractif ? pour qui ? les enseignants ont-il choisi ce métier ? Le leur est d’enseigner et ce n’est plus leur métier.

La méthode de François Hollande pour mettre en place son programme?

«… Des négociations durant l’été, une loi d’orientation et de programmation à l’automne  c’est le rythme que nous devons tenir… »  c’est assez dire si tout est déjà bien prêt! Tout est dans les cartons de Nicolas Sarkozy, il n’aura plus qu’à les déballer ! Alors que François Hollande promet « débarrasser l’école du sarkozysme »… pour les besoins de l’« enfumage » tant cette « refondation » de l’institution scolaire en cours est une catastrophe  pour tous,  il inscrit  son programme dans la continuité du démantèlement entrepris « au pas de charge » par Nicolas Sarkozy.

Conclusion

François Hollande n’invente donc rien, il compte tout simplement prendre le relais de la politique mise en œuvre par Nicolas Sarkozy , qu’il a lui-même repris de son prédécesseur. Rien de nouveau  : une politique confirmée, l’euthanasie de l’Ecole assurée.

Il n’est pas inutile d’ajouter - pour ceux qui veulent et voudront échapper à ce désastre du système éducatif « refondé » et se diriger vers des écoles indépendantes - que François Hollande a annoncé qu’il supprimerait les déductions fiscales pour les dons faits en faveur de ces écoles, c’est donc dire qu’il compte bien leur tordre le cou et aussi le nôtre !

François Hollande est donc le candidat idéal pour  précipiter l’Ecole dans la tombe, refermer la dalle avec "bonne conscience" et inscrire dans le marbre sans état d’âme :

« Ecole morte pour la France »

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