mardi, 20 mars 2012 17:47

Marine le Pen en verve, mais pas en actes

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Le « programme » de Marine le Pen sur l’Ecole peut sembler réactif à la déliquescence profonde du système éducatif  et marquer la volonté de redresser la situation catastrophique dans laquelle il s’enfonce ; néanmoins, à y regarder de plus près, son discours marque une connaissance insuffisante  du sujet  qui ne lui permet pas, semblant ignorer les causes profondes de la situation gravissime présente et plus encore à venir,  de déterminer et d’appliquer de moyens précis pour obtenir ce redressement.

 

 Un catalogue de bonnes intentions

Son programme se limite à  un catalogue de bonnes intentions qui ne marque pas la réalité de mesures concrètes pour y répondre.

 . Ainsi, Marine le Pen « … veut donner la priorité aux savoirs fondamentaux et l’accent sera mis, dès la maternelle,- dit-elle -  sur l’apprentissage du français et du calcul, et compte rendre obligatoire la méthode syllabique en CP…» mais il est à noter que ces « savoirs fondamentaux » ne sont pas précisément énoncés et que ce n’est qu’une « priorité » : nous n’en savons pas plus, ni sur le contenu, ni sur les moyens ! En ce qui concerne l’apprentissage du français, Marine le Pen « compte rendre obligatoire la méthode de lecture syllabique en CP » mais elle ne dit toujours pas comment, concrètement, elle compte s’y prendre  dans la mesure où les manuels utilisés sont des manuels de méthodes semi-globales – même si le mot n’est désormais plus jamais prononcé . De plus, les maîtres sont formés à ces méthodes - rebaptisées, pour les besoins de l’ « enfumage »,  intégratives, phonétiques, visuelles, par hypothèse... - ,  et les « formateurs » dans les IUFM honnissent et moquent les méthodes syllabiques d’une façon éhontée ; quand, par surcroît,  nous savons que certains Ministres – dont M. de Robien -  se sont déjà attelé à cette tâche, malheureusement sans succès, se heurtant toujours aux groupes de pression gaucho-révolutionnaires campés dans les arcanes du Ministère, nous ne pouvons qu'être dubitatifs sur le résultat.De plus, comment Marine le Pen va-t-elle faire, quand nous savons qu’aujourd’hui, tout est entre les mains du chef d’établissement et de son conseil pédagogique qui déterminent les activités de l’équipe  dite éducative où les « instituteurs-professeurs-des-écoles-qui-ne-professent-plus-rien » travaillent désormais en équipe et où la notion de classe et de niveau tend à disparaître ?

 . Par ailleurs,  Marine le Pen dit vouloir « réformer en profondeur l’école primaire », souhaitant revoir le statut de l’école et créer un nouveau type d’établissement public sur le modèle des collèges et des lycées (?). Il faudrait qu’elle soit plus précise, car, nous ne voyons pas très bien de quoi il s’agit : quelle serait cette réforme « en profondeur »  et quelle en serait la justification ?

 . Marine le Pen prétend vouloir « mettre fin à l’aventure pédagogiste » , mais elle ne nous dit pas en quoi consiste cette « aventure pédagogiste » et comment elle va y mettre fin ? A noter d’ailleurs, que si elle connaissait bien le sujet, elle ne parlerait pas « d’aventure » mais de « volonté » politique dans la mesure où ceux qui nous gouvernent savent très bien ce qu’ils font, où ils vont, où ils nous conduisent – dans le mur ! - sous couvert de démocratisation du système éducatif depuis 1947, date de la remise du plan Langevin-Wallon  et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’y a ni aventure, ni improvisation ni surprise de leur part : leur objectif était bien de rendre les enfants incapables d’appréhender des connaissances et d’acquérir une formation intellectuelle qui les rendent libres et indépendants pour en faire un troupeau de moutons bêlants.

 . Marine le Pen compte « augmenter de manière conséquente le nombre d’heures consacrées à  l’histoire de France et la géographie française » : elle ne sait peut-être pas que les cours sont progressivement supprimés au profit d’activités aux appellations diverses et variées ; elle ne nous dit pas comment elle va opérer un retour en arrière.

. Marine le Pen affirme vouloir « retrouver le caractère sélectif du baccalauréat » en faisant totalement abstraction, en amont,  de la réforme du lycée 2010, basée essentiellement sur la suppression des cours et leur remplacement par des activités diverses et variées sur la base de thèmes, substrats de programmes, sans obligation de résultat, mise en œuvre « au pas de charge » par Nicolas Sarkozy. Comment, dans ces conditions, va-t-elle également pouvoir faire, à cet égard, un retour en arrière et faire passer un bac identique pour tous et sélectif ?

 . Marine le Pen prône le « retour à la discipline », mais, pour qu’il y ait discipline, il faut qu’elle se justifie, il faut un objectif précis à atteindre, une obligation de résultat ; or, dans le système « en refondation » et donc, tel qu’il se profile pour l’avenir, il n’y a pas de justification à la discipline puisqu’il n’y a pas d’obligation de résultat dans la mesure où les cours sont progressivement supprimés au profit d’activités. Comment un enseignant-qui-n’enseigne-plus peut-il s’imposer ?

 . Marine le Pen souhaite mettre en avant cette « hiérarchie dans la formation des enseignants et restaurer la notion de respect » !Comment va-t-elle s’y prendre avec l’actuelle « refondation » du système éducatif où  la formation unique des enseignants répond aux besoins de la révolution qui est en train de métamorphoser le système scolaire en une multitude de lieux de vie où la notion de niveau n’a plus aucun sens, ce qui justifie le regroupement progressif des concours de recrutement (CAPES, CAPET, CAPLP…) et l’effondrement des exigences disciplinaires à ces mêmes concours (cf. art. réforme du CAPES 2009) dans l’attente de leur suppression pure et simple (déjà envisagée). Les syndicats cautionnant bien évidemment cette révolution scolaire et régnant en maîtres sur le système éducatif, comment va-t-elle les convaincre, sinon les contrer ?

. Enfin, Marine le Pen compte revaloriser les filières manuelles et techniques en rétablissant notamment l’apprentissage à 14 ans : en réalité, c’est la seule mesure concrète du programme qui paraît crédible, présentant, en outre,  l’avantage  d’être applicable dans le contexte du moment.

 Au-delà des « bonnes » intentions, tout cela nous laisse très réservés sur la crédibilité de ce programme, Marine le Pen faisant totalement abstraction de la clique révolutionnaire qui étouffe littéralement le système éducatif et  s’opposera à toute volonté de restauration d’un système éducatif de qualité, puisque travaillant  depuis 60 ans à une destruction qui  arrive enfin à son terme : pour les gaucho-révolutionnaires, aucun retour en arrière n’est possible .

 Une liberté scolaire non envisagée    

Mais, face au mécontentement, face à l’inquiétude et à l’angoisse des parents, face au désarroi – étouffé - des enseignants , face à l’effondrement dramatique mais voulu du système éducatif mettant gravement en danger  la survie même de notre société, on peut s’étonner que Marine le Pen - dont nous ne doutons pas qu’elle puisse aimer son pays contrairement à d’autres candidats qui, non seulement n’en ont visiblement rien à faire mais travaillent à sa destruction sans état d’âme - ne  propose pas la seule mesure crédible : définir des résultats précis à obtenir avec des contrôles prédéterminés et laisser une liberté de moyens, alors que dans le système éducatif en « refondation » et dans les projets des autres candidats, il y a obligation de moyens (projets d’élèves) sans obligation de résultat, ce qui n’est plus du tout la logique d’une école mais d’un lieu de vie.

Nous aurions pu nous attendre à ce que Marine Le Pen préconise donc la liberté d’enseignement en  proposant que toutes les familles puissent disposer des moyens de choix scolaire  par un financement personnalisé alloué par l’Etat sous forme de « pass-éducation »,  bon scolaire, crédit d’impôt ou autre système équivalent, tel qu’il se pratique à l’étranger (Brésil, Suède)  et qui donne des résultats très satisfaisants, système qui permettrait, en outre, d’être beaucoup moins coûteux que celui actuel où des gaspillages énormes se perpétuent.

L'exigence de la liberté scolaire pour tous les enfants se justifie d’autant plus que l'Ecole de la République est morte et que personne ne peut se retrancher derrière le principe d’égalité pour justifier de maintenir les enfants dans  ce système éducatif « refondé » où chaque établissement a un projet différent et où la demande éducative reste bâillonnée tandis que l'offre éducative est libéralisée.

Par surcroît, les « internats d’excellence » réservés aux enfants des banlieues constituent une violation grave du principe d’égalité  qui s’exerce au détriment de nos enfants.

 Conclusion

Alors que le programme de Marine Le Pen est davantage orienté sur les objectifs qui ne seront jamais atteints dans le système plombé par la chape révolutionnaire servie par le syndicalisme aux ordres,  nous nous demandons ce que Marine le Pen attend pour proposer les moyens de la liberté scolaire tant attendue par la population au lieu de l’obliger à subir contre son gré , contre son intérêt et contre celui de la société, ce démantèlement de l’institution scolaire. 72% des parents – dont une majorité d’ouvriers - se sont prononcés en faveur d’une liberté de choix scolaire pour leurs enfants lors d’un sondage IFOP réalisé en 2010 .

Que Marine le Pen fasse cette proposition, c’est le seul moyen de nous sortir de ce guêpier, il n’y en a pas d’autres.C’est ce que les Français attendent, c’est cela la démocratie, et…le temps presse !


 

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