vendredi, 23 mars 2012 13:43

Candidats "périphériques" en campagne

Écrit par 

A Gauche : Nathalie Arthaud (lutte ouvrière), Philippe Poutou (nouveau parti anti-capitaliste), Jean-Luc Mélenchon (front de gauche), Eva Joly (Europe Ecologie – les Verts)

 A « Droite »: Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République),Jacques Cheminade (Solidarité et progrès)...

 


                                                       Les « rouges » et les « verts » en campagne

Nathalie Arthaud, Philippe Poutou et Jean-luc Mélenchon 

 

Un trio…pas plus infernal que les autres! Pour ces 3 candidats, même combat , ce qui « justifie » sans doute  une « pluralité des candidatures » !Leur projet se résume aux points suivants :

 . Ils souhaitent scolariser les enfants dès 2 ans, ce qui marque leur volonté de prise en main de l’enfant quasiment au berceau, pour le formater à leur convenance,. Ils sont fermement opposés à ce qu’ils appellent  « toute orientation précoce »  avec la prévision d’une école commune sans sélection ni orientation de 3 à 18 ans  - pour Mélenchon  jusqu’à la fin du collège – ce qui ne  s’impose pas  en effet, dans le système éducatif « refondé » où il n’y a pas de résultat à atteindre, chacun  est occupé à des activités en remplacement des cours et les questions de  sélection, d’orientation et de niveau n’ont plus aucun sens ! Ils  proposent un système sans note ni classement, ce qui est le corollaire du point précédent. C’est clair et net : sans résultat à atteindre, notes et classements sont totalement superfétatoires, c’est dans la logique de la "refondation" en cours, de l'Ecole.

Poutou ajoute qu’il souhaite accorder une allocation d’autonomie aux étudiants quand Mélenchon propose d’augmenter le montant des bourses…avec quel argent ?  

Même s’ils sont courts, les  programmes de ces candidats, à la fois synthétiques et explicites, ont le mérite d’être clairs et nets : aucun  des candidats n’use  de subterfuges qu’utilisent  les autres  pour nous dire à leur façon que leur projet est d’anéantir tous les attributs de l’école et de la transformer en lieu de vie récréatif! Des programmes sans surprise  donc, qui ne se démarquent pas non plus de la politique éducative mise en œuvre par Nicolas Sarkozy malgré ses discours illusionnistes et qui, de toutes façons s'appliqueront puisque la « refondation » actuelle de l’école l’est sur cette base et qu'ils ne la remettent nullement en cauise

 

Eva Joly : verte et pas mûre !

 

Le projet d’Eva Joly s’inscrit également dans la perspective d’une école-lieu de vie telle qu’elle s’inscrit dans le cadre de la « refondation » de l’ « Ecole », sans aucune originalité dans la pensée. Elle  défend une uniformisation de l’école avec la mise en place d’une « école fondamentale » réunissant le primaire et le secondaire : c’est ce qui est en train de se mettre en place avec Nicolas Sarkozy, qui se concrétisera avec tous les candidats, sauf peut-être Marine le Pen. Elle veut embaucher 20 000 postes de cadres éducatifs et enseignants, dont elle compte rétablir l’année de formation en alternance avec la pratique en classe : elle emploie le terme de « cadres éducatifs » qui, en effet, dans cette école-lieu de vie est plus adaptée pour exercer la fonction « d’accompagnateur de projets d’élèves » que celui, désormais abusif d’ « enseignant » où les cours n’ont plus leur place. Souhaitant créer un sercice public de la petite enfance et 400 000 places d’accueil pour les jeunes enfants, elle confirme l’intention des autres candidats de gauche de prendre en main les jeunes enfants très tôt. Elle met en avant les innovations pédagogiques dans les cours ainsi que les activités artistiques et culturelles ; nous savons ce que recouvrent ces « innovations pédagogiques » qui  consistent tout simplement, à remplacer les cours par des activités au cours lesquelles l’enfant est censé construire son savoir.

 Trop « verte » pour avoir un projet mûri, Eva Joly confirme se calquer sur la logique de l’actuelle « refondation » de l’école en lieu de vie. Elle n’apporte rien de nouveau non plus.


A « droite »

 

N.Dupont-Aignan, candidat "couché" de la République

 

. Nicolas Dupont-Aignan souhaite rebaptiser le Ministère de l’Education Nationale « Ministère de l’instruction publique » ! Une annonce qui « ne mange pas de pain » et qui fait plutôt bon effet surtout quand Nicolas Dupont-Aignan prétend, lui aussi,  vouloir revenir avant tout, aux fondamentaux dans les programmes scolaires sans nous dire non plus quels fondamentaux, et comment il va y revenir …considérant qu’en réalité, il n’y a plus de programmes mais simplement des thèmes à aborder!

 . Il veut restaurer le respect de l’école et de l’enseignant. Comment va-t-il s’y prendre ? l’histoire ne le dit pas. Or, la restauration de l’autorité ne se décrète pas, mais découle plutôt  de l’organisation de tout un système comme celui, par exemple, de revenir à des cours structurés avec des pédagogies cohérentes et des exigences à la clé ; de cette façon , cela devrait pouvoir fonctionner, mais Nicolas Dupont-Aignan ne  prend pas  de « risques » jusque-là !

 . Il propose d’augmenter le nombre d’heures de français dans le primaire (passer de 10 à 16 heures hebdomadaires) et permettre l’exclusion des élèves « gravement perturbateurs » pour les prendre en charge dans un « environnement spécialisé, à vocation disciplinaire et éducative ». Encore une annonce qui fait bon effet mais cela reste vague comme projet : en admettant que Nicolas Dupont-Aignan puisse augmenter les heures de français, que compte-t-il faire pendant ces heures ? il y a mille et une façons de « faire du  français » ! quand  l’apprentissage de la lecture se fait – comme il se fait dans la grande majorité des établissements – sur la base des méthodes semi-globales, les enfants « font du français » ! Pour ce qui est d’«exclure les élèves gravement perturbateurs pour les prendre en charge dans un environnement spécialisé à vocation disciplinaire et éducative », en clair, cela revient à confirmer l’existence des « internats d’excellence » réservés aux enfants des banlieues pour recevoir un enseignement de qualité qui est refusé à nos enfants dans le système éducatif « refondé ».

 . Les enseignants seront, en outre, mieux formés à l’autoritéNous ne savions pas qu’il y avait des formations à l’ autorité, cela doit être très intéressant ! nous aurions davantage cru que de rétablir un système cohérent et émancipateur permettrait le rétablissement d'un naturelle autorité dans un tel contexte, pensant qu’il s’agit davantage d’un moyen pour aboutir à un résultat pré-déterminé plutôt que d’un objectif, mais nous ne devons pas être dans les mêmes « starting-blocks » !

Nicolas Dupont-Aignan prévoît des « établissements pour élèves difficiles » qui connaîtraient « des conditions disciplinaires plus dures, uniformes et encadrement de type militaire » : ils existent déjà  et il confirme donc, dans une présentation différente, la politique scandaleuse des « internats d’excellence » réservé aux enfants des banlieues.

 . Nicolas Dupont-Aignan souhaite également revoir les rythmes scolaires en revenant à la semaine de 4 jours et demi dans le premier degré et dédoubler les classes de CP. En réalité,  nous savons ce que veut dire « revoir les rythmes scolaires », c’est-à-dire davantage de présence dans l’établissement pour faire du soit-disant « soutien scolaire » qui ne se résume qu’à des activités encadrées : il confirme la politique de « refondation » en cours de l’école.

 . Pour « réhabiliter l’effort et le mérite », il faudrait « restaurer la possibilité de redoubler dans toutes les classes » et les barèmes devraient être « plus fermes »;  ceci étant au conditionnel,  n’engage pas beaucoup Monsieur Dupont-Aignan et dans le système en « refondation » qu’il ne remet pas en cause, cela n’a plus aucun sens.

Conclusion

 En réalité, son projet s’inscrit  dans le prolongement de la politique actuelle de « refondation »-destruction de l’école. Un candidat très décevant, sans consistance ni courage politique. Il  serait surprenant qu’un tel programme lui permette de faire que la République reste debout ! En ce qui nous concerne, nous n'attendions pas, pour revendiquer une "République debout", un "candidat couché".

 

Cheminade, « le poids plume »

 

Un candidat qui a sans doute de l’argent à perdre ; son « programme » est également sans consistance, affirmant : « nous devons entreprendre une réforme globale de l’enseignement » sans nous dire en quoi elle consisterait, selon lui ! En réalité, bien qu’il ne le formule pas, en filligrane,  Monsieur Cheminade cautionne la réforme en cours avec un arsenal de dispositifs de soutien dont nous savons ce que cela recouvre ! Un programme léger mais qui s’inscrit dans la logique de la "refondation"-destruction de l’ « Ecole » en cours. Une candidature également sans intérêt.

 

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