mercredi, 23 mai 2012 13:41

Cassons le "thermomètre", le "malade" ira tellement mieux...

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Certes, les résultats des évaluations CE1 et CM2 étaient "truqués"...

...Et François Hollande nous avait prévenus : « les évaluations fin de CE1 et CM2 seront supprimés » mais, sous prétexte d’ « accablement » des professeurs et d’ « entrave » à leur enseignement, sous prétexte également d’ « angoisse » des enfants et de leurs parents (…) On en apprend tous les jours! Cette mesure n’a pas tardé à être entérinée par Vincent Peillon, le nouveau ministre de l’Education qui vient de prendre le relais de Luc Chatel, bien que ces évaluations soient néanmoins maintenues  cette année puisqu'ayant lieu en mai, il était trop tard pour qu’elles fussent supprimées sur le champ.

 Les évaluations précédentes  faites fin de CE1 et CM2 avaient abouti à des conclusions saisissantes : portant sur le français et les mathématiques, ces évaluations étaient censées révéler (et quelle révélation !) qu’une large majorité d’élèves avait un bon niveau, ce qui relevait quasiment du miracle ! Etudiées d’un peu plus près, ces évaluations laissaient apparaître que celles de CM2 relevaient, en réalité, de connaissances devant être acquises en CE2 et CE1, que les critères d’exigences et les barêmes  restaient totalement ignorés, à ceci se superposant une pratique de plus en plus courante consistant à ajouter des points en l’absence de faute en lieu et place d’enlever tout naturellement et seulement des points quand la réponse était inexacte ; de plus, certaines fautes n’étaient pas prises en compte et certains correcteurs demandaient que les réponses soient faîtes au crayon de papier (…)

Par ailleurs, la formulation des résultats ne permettait pas de savoir ce qui avait été acquis par les élèves, puisqu’exprimée ainsi : «… Elèves avec acquis fragiles, …très fragiles,… en difficulté,… acquis » au choix, sans que l’on sache ce que cet « emballage » pouvait bien recouvrir. Avec tous ces montages et toutes ces supercheries, un faible pourcentage d’élèves était censé se trouver en  difficulté que ce soit en maths ou en français, ce qui ne manquait pas de laisser très pensifs ! En réalité, accompagnés d’un brouillard épais de désinformation, tous ces montages et toutes ces supercheries dans les évaluations ne servaient qu’à masquer les résultats catastrophiques obtenus dans ce système que nos réformateurs se sont acharnés à dérégler par tous les moyens, ne cessant de réduire les exigences de résultat pour aboutir, finalement, à n’en plus avoir du tout.

La vraie raison de la suppression des évaluations

Aujourd’hui, Vincent Peillon confirme la suppression des évaluations annoncée par François Hollande au cours de sa campagne électorale  mais, cette évaluation n’ayant pu être évitée cette année, il a décidé que...« ces évaluations… resteront dans les écoles…il n’y aura pas de remontée (des résultats) au ministère pour faire des statistiques, mettre en concurrence les écoles et fausser les résultats de l’école française » (fin de citation). Ces évaluations seront donc soigneusement mises sous le boisseau, ce qui permettra de masquer au public, l’indigence toujours plus marquée des résultats obtenus dans les disciplines fondamentales que sont le français et les mathématiques, c’est ce que Vincent Peillon appelle vouloir  la « transparence » ! cela commence fort !

De plus, la  supercherie des évaluations   pour masquer l’indigence des résultats  obtenus par les élèves ayant été dénoncée et la suppression de ces évaluations étant  envisagée, le nouveau Ministre a sans aucun doute estimé qu’il valait mieux  avoir l’air d’aller dans le sens de la critique. Hélas pour nos enfants !  ce n’est pas pour remettre en cause les résultats, dont la conséquence logique serait de devoir améliorer la qualité de l’enseignement dispensé,  mais pour remettre en cause les outils d’évaluation (…) "mauvais, bien sûr!…"ceci pour en justifier de nouveaux dont il prévoit la mise en place, outils qui seront destinés à apprécier autre chose qu’un niveau de français et de mathématiques puisque,  dans l’école « refondée » en « lieu de vie » où la transmission du savoir le plus élémentaire est balayé au profit d’activités au cours desquelles l’enfant est censé construire son savoir, les enfants deviendront totalement inaptes à répondre aux critères précédemment retenus dans des disciplines fondamentales pour le développement intellectuel de l’enfant.

Cette logique a toujours prévalu depuis 60 ans que le plan Langevin-Wallon est mis en œuvre par étapes pour aboutir à l’anéantissement du système éducatif auquel doit se substituer un « lieu de vie », du primaire à l’université incluse : quand les enfants ne sont plus en mesure de répondre avec satisfaction aux exigences préalables du système éducatif du fait de la mise en oeuvre des délires pédagogistes, les moyens de contrôle sont supprimés ; c’est ainsi par exemple, la suppression de  l’examen d’entrée en 6ème a eu lieu en 1960 après la généralisation des méthodes globales de lecture dans les années 50 , méthodes qui rendaient les enfants incapables d’acquérir une formation intellectuelle et les connaissances qu’ils étaient capables d’appréhender avec les méthodes traditionnelles : rendus inaptes à répondre aux exigences de l’examen d’entrée en 6ème , cet examen fut supprimé : plus d’examen d’entrée en 6ème, « plus de problème » !

Nouveau système d'évaluation...pour un système "refondé"

C’est bien la même logique   qui ressort du discours de Vincent Peillon : « …dès l’été, nous mettrons en place un nouveau système d’évaluation… Nous croyons à la nécessité de l’évaluation, mais de bonnes et vraies évaluations …les outils actuellement utilisés ne permettent pas une évaluation scientifiquement incontestable du système éducatif national…  » ».Le nouveau Ministre  veut ainsi  laisser croire que c’est le système d’évaluation qui est mauvais alors que c’est la manipulation des résultats des évaluations  qui est en  cause, étant destinée à masquer l’indigence intellectuelle générée par le système éducatif ; mais, comme le Ministre, contrairement à ses déclarations -  et tout comme ses prédécesseurs - n’a pas du tout l’intention de restaurer la qualité du système éducatif  mais au contraire, de  parachever la révolution de l’institution scolaire en lieu de vie, il remet en cause le système d’évaluation.

Bayrou en son temps nous "avait fait le même coup" s'il nous est permis de parler un peu trivialement lorsque les résultats d'une étude menée par l'OCDE laissait apparaître des lacunes considérables chez les petits français dans les disciplines fondamentales et notamment en maîtrise du français et de l'orthographe: c'était là aussi, les évaluations qui n'étaient pas adaptées au système français! nos hommes politiques ne manquent pas de "ressources" pour essayer de  nous faire prendre la lune pour une crêpe!

Et Vincent Peillon  a beau jeu d’ajouter « …on mettra fin à la confusion et à la manipulation… », pour faire croire à la mise en place d’un système plus fiable ; mais il ajoute : «une réflexion et une concertation sont engagées dès maintenant pour refonder l’ensemble du système d’évaluation des élèves et du système scolaire dans le cadre de la préparation de la loi d’orientation et de programmation qui sera déposée à l’automne prochain ».  Ce qui corrobore que le nouveau Ministre compte bien poursuivre la « refondation » du système scolaire menée au pas de charge par le précédent ministre sous la houlette de Nicolas Sarkozy en mettant la dernière main à la destruction du système scolaire et entériner la mise en place de l’école-lieu de vie. Nous voilà donc au cœur du problème, nous voilà au cœur de la même logique, la logique de l’imposture.

Dans le même temps, les nouveaux dispositifs seront accompagnés des intentions les plus nobles laissant à penser au public  à une reprise en main du système éducatif pour en restaurer la qualité : les grands discours seront là pour brouiller les cartes de la destruction finale et organisée de notre système éducatif et,  "cassant le thermomètre", le "malade" ira tellement mieux...qu’il sera mort !

 

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