... et ne pas prendre uniquement pour cibles des personnes, mais plutôt un système : un système qui marche sur la tête, qui contraint les instituteurs, les professeurs à faire ce qu’il ne faudrait surtout pas faire et leur interdit par divers moyens de pression de faire ce qu’ils devraient faire et ce qu’ils voudraient faire ; et la situation ne va qu’empirer dans le cadre de la « refondation » de tout le système scolaire en dépit de l’hostilité et du désarroi – étouffés par les syndicats (…et pour cause !) et les medias - de la très grande majorité des enseignants.
Le totalitarisme syndical
En premier, il y a tout lieu de remettre en cause le syndicalisme régnant indûment en maître sur l’Education Nationale et toutes les organisations qui prétendent parler au nom des enseignants ou des parents alors qu’ils ne constituent que des groupuscules par le fait du petit nombre d’adhérents qu’ils agrègent ; ils prennent une place beaucoup importante dans la « gestion » du « navire éducation » et tous ou presque - en tout cas ceux qui pèsent de tout leur poids - sont marqués du sceau du marxisme : ils noyautent littéralement le système et marginalisent ceux – nombreux - qui cherchent à s’écarter de leur idéologie avec les conséquences pédagogiques qui en résultent.
Le totalitarisme des IUFM
Cela se concrétise dans les IUFM - hélàs ! non défunts, mais simplement fusionnés avec les universités, et qui sont en train de se transformer en « écoles supérieures du professorat et de l’éducation » pour supplanter l’enseignement disciplinaire universitaire,
Déjà, les exigences du concours d’entrée sont pour le moins, surprenantes : entre autre épreuves, l’épreuve écrite de français du concours est largement centrée sur l’aspect pédagogique plutôt que sur la connaissance de la langue française (trois petites questions de grammaire, orthographe et/ou lexique seulement), et l’oral peut être l’occasion d’effectuer une prestation de danse contemporaine qui compte davantage dans la note globale que les questions de grammaire de l’écrit ! Ces exigences permettent-elles vraiment de recruter les professionnels qui apprendront le mieux la lecture, le calcul et les bases nécessaires en histoire, géographie et sciences aux élèves? …Certes non ! il apparaît donc évident que n’est plus ce qui compte pour l’exercice du métier.
Puis, une fois admis, les stagiaires subissent un véritable formatage et un contrôle des esprits plus qu’une formation ; c’est ainsi que, dans cet engin fou, continue à se perpétrer la préconisation/imposition de méthodes ineptes d’apprentissage : la méthode semi-globale de lecture, nœud de la déconstruction du système éducatif, dont les effets négatifs s’étendent bien au-delà d’une orthographe déplorable, grippant le cerveau des enfants au point d’entraver durablement leur développement intellectuel, le constructivisme , l’alpha et l’oméga de la formation dispensée : « s’appuyer sur les conceptions des apprenants pour construire un savoir savant » , principe inepte qui va se renforcer dans le cadre de la « refondation » de tout le système scolaire,
La contrainte au quotidien
Et la prise en main des enseignants se poursuit au-delà des IUFM, dans l’exercice de leur profession. L’enseignant d’aujourd’hui, ne doit plus être vu tel qu’il était autrefois et tel qu’il est encore perçu aujourd’hui par la grande majorité du public : un instituteur ayant reçu une solide formation secondaire joint à une formation pédagogique dans une école normale, un professeur, universitaire féru d’une discipline donnée, venant dispenser les connaissances acquises, l’un et l’autre respectant l’accomplissement d’un programme prédéterminé avec une obligation de résultat mais seuls dans leur classe, dans une royale indépendance que venait troubler seulement tous les deux-trois ans – et encore !... et l’espace d’un court instant - un inspecteur qui avait pour rôle essentiel d’attribuer une note censée évaluer le travail de l’enseignant avec quelques critiques à la clé, ce qui n’était guère dérangeant ! c’était l’époque où était dispensé un véritable enseignement.
L’enseignant – appelé alors, instituteur ou professeur - établissait sa progression pour l’année, préparait ses cours, les assurait, contrôlait le travail réalisé par les élèves au rythme qu’il entendait , le résultat final étant sanctionné par le passage ou non dans la classe supérieure ou par l’examen correspondant, enfin, bref ! l’instituteur, le professeur, étaient libres et avaient à cœur, pour la plupart, de faire réussir les enfants qui leur étaient confiés.
Ce schéma est révolu ! instituteurs et professeurs, reconvertis en « enseignants » pour le secondaire et en « professeurs des écoles » pour le primaire, et bientôt « accompagnateurs de projets d’élèves » pour tous, sont littéralement bâillonnés de tous côtés par un système qui délire : de plus en plus de « conseillers(…) pédagogiques » qui disent quoi faire en assénant au passage un peu plus d’idéologie pédagogiste, de plus en plus de réunions, de plus en plus de travail obligé en équipe et qui va se renforcer dans le cadre de la « refondation » du système scolaire,
Par ailleurs, les exigences disciplinaires fondent comme neige au soleil et la réduction des horaires consacrés aux enseignements de base se réduit comme peau de chagrin. Ainsi, sur l’ensemble de la scolarité au primaire, le temps consacré au français est passé en moyenne de plus de 14H en 1923, à 11H en 1956 et 8 h aujourd’hui : quasiment réduit de moitié, au profit de la philosophie (…) ou de l’histoire des arts (…) ce qui n’est assurément pas la meilleure façon d’améliorer le niveau des élèves.
Difficultés de résistance
En réalité, très souvent, les enseignants aiment leur métier et accomplissent au mieux de leurs moyens les missions qui leur sont confiées en même temps qu’on les empêche, hélas, de les remplir correctement et beaucoup n’ont pas le recul suffisant ni la force de s’opposer au système même s'ils le remettent en cause car il faut savoir les difficultés auxquelles se heurtent, par exemple, ceux des enseignants qui défendent un apprentissage rigoureux et efficace de la lecture par des méthodes éprouvées – c’est-à-dire, les méthodes syllabiques - qui ne craignent pas le recours au « par cœur » quand il est nécessaire (pour les tables de multiplication par exemple), qui n’hésitent pas à apprendre à « poser une division », qui usent du « bled » pour enseigner l’analyse logique en « grammaire », en un mot, qui enseignent vraiment; ce n'est qu'un exemple. Certains se sont vus aux prises avec tant de difficultés qu’ils se font fait un devoir de sortir du système et de créer leur propre école pour pouvoir réellement enseigner ; et les difficultés d’assurer un enseignement de qualité vont être de plus en plus grandes dans le système en cours de refondation basé sur la suppression des cours et leur remplacement par des activités, sans obligation de résultat.
Les enseignants ne sont donc pas les seuls responsables de cette gabegie éducative et, bien que la grande majorité d'entre eux soit en total désaccord avec l’actuelle « refondation » du système éducatif qui exige d’eux une révolution complète de leur métier, ils subissent un véritable bâillonnage dont il leur sera très difficile de s'extraire car les syndicats régnants cautionnent, en réalité, cette "refondation-destruction" du système scolaire, ne leur sont et ne leur seront d'aucune aide pour les sortir de ce marasme dans lequel ils ont, au contraire, contribué à les mettre.
Il nous faut prendre conscience de la gravité de la situation pour réagir car c’est par l’affirmation de la nécessité de méthodes pédagogiques progressives et d’un enseignement disciplinaire exigeant, efficace et fonctionnant avec logique qu’il faut y répondre. Il y a urgence car les pressions, les idéologies subies sont les mêmes du primaire à l’université incluse, détruisant l’essence même de tout notre système éducatif et nous sommes tous concernés.