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jeudi, 05 juillet 2012 11:43

Lettre à tous les personnels de l'Education Nationale

Écrit par 

 

La « lettre à tous les personnels de l’Education Nationale » de Vincent Peillon en cette fin d’année scolaire ne saurait nous surprendre :  plus çà change, plus çà continue comme avant ! 

La tactique de Vincent Peillon

La tactique de Vincent Peillon – déjà éprouvée par les précédents ministres -  consiste à faire croire qu’il entreprend une politique autre que  celle de son prédécesseur – Luc Chatel -   alors qu’il se contente d’en prendre le relais, avec une mise en scène  à laquelle désormais, nous sommes quasi-accoutumés, tant le langage des différents ministres diffèrent peu de l’un à l’autre  - prétendue « droite » et gauche confondues - ... 

...puisque ce sont les mêmes « officines » qui oeuvrent en sous-main à la rédaction de ces discours toujours au service de la révolution de l’institution scolaire. Il ne   reste plus, aux hommes de paille  qui se succèdent à la tête du ministère qu’à jouer de leur talent de comédien pour  faire passer des dispositions présentées comme étant contraires au précédent ministère – forcément mauvaises - et destinées à remettre le système sur pied, alors qu’elles ne nourrissent  d’autre objectif que d’assurer une remarquable continuité dans la  poursuite de la révolution de l'Ecole entamée depuis 60 ans sur la base du plan Langevin-Wallon.

Tout est donc dans l’art de la présentation pour continuer à nous « mener en bâteau » , le bâteau étant présentement une galère pour les enseignants qui ne doivent plus enseigner, raison pour laquelle assurément,  Vincent Peillon n’oublie pas, au passage et en préliminaire, de leur passer un coup de badigeon édulcorant pour leur faire avaler la pilule amère de la refondation qui les déboussole et  sur laquelle les syndicats – qui cautionnent cette révolution -  font bien entendu, le silence total ! c’est ce qui est appelé, par ailleurs, la « souffrance normale » (…) des enseignants.

Ainsi du discours de Vincent Peillon : « ...nous connaissons les difficultés auxquelles vous êtes confrontés au quotidien et le poids de vos responsabilités; mais nous savons aussi la force de votre dévouement, la passion et la vocation qui vous animent pour instruire, éduquer, servir une certaine idée de la France, de la République, de l’humanité (…) …Ensemble nous avons rendez-vous avec notre pays, parce que son histoire n’est pas n’importe laquelle, ses attentes sont grandes à l’égard de son Ecole. Nous devons les honorer » (...)  fin de citation

L’objectif ?

La politique  Hollande-Peillon confirme donc la politique de « refondation » de l’école largement mise en œuvre par Sarkozy-Chatel; quand V.Peillon affirme : « …nous voulons travailler à la refondation …républicaine, de notre école…», il continue même à enfoncer le clou, ajoutant « …une  refondation de la République par l’école… ».

Il s’agit donc bien toujours du même projet politique de transformation de la société par la révolution dans l’école,  révolution culturelle qui se situe à l’opposé d’une Ecole qui transmet le savoir et ancre dans la culture pour oeuvrer dans la logique inverse de désancrage, de  déracinement, qui répond  à cet objectif révolutionnaire toujours poursuivi : «…du passé, faisons table rase…».

Moyens d’ensemble ?

Cette refondation de l’Ecole étant basée sur la suppression de la transmission des savoirs par les cours et par la construction du savoir par l’enfant lui-même au cours d’activités qu’il choisit, Vincent Peillon  prévoit le renforcement de la carte scolaire  « …pour favoriser la mixité sociale et scolaire… » dit-il, ce qui se conçoit dans cette optique, puisqu’il n’est plus question de capacités, de niveau, tous les enfants peuvent être mélangés.

Par ailleurs, dès la rentrée 2012, il prévoit augmenter la présence des conseillers principaux d’éducation - ce qui se conçoit dans une école lieu de vie où la fonction de surveillance doit s’amplifier - et également des « assistants d’éducation », c’est-à-dire des personnels non diplômés, ce qui se conçoit également puisque, dans cette optique, les diplômes deviennent totalement superfétatoires,

. Vincent Peillon dit prévoir aussi la" ...création (sic) d’écoles supérieures de l’éducation …» , ce qui était déjà prévu par son prédécesseur. En réalité, ces écoles ne sont autres que les IUFM qui n’ont jamais été supprimés, contrairement à ce que l’on a voulu nous faire croire, mais intégrés aux universités et ces « fameux » (…) IUFM, honnis de tous et pour cette raison, travestis en "écoles supérieures de l’éducation" vont continuer à exercer leurs méfaits pédagogistes au détriment de l’enseignement disciplinaire dans les universités.

. Par ailleurs, Vincent Peillon fait semblant de revenir sur le récent décret pris par le gouvernement précédent concernant l’évaluation des personnels « enseignants » par les chefs d’établissements tout en prétendant qu’ « un simple retour à la situation antérieure n’est pas souhaitable non plus », c’est-à-dire une notation pédagogique effectuée par un inspecteur de la discipline enseignée. En réalité, cette nouvelle évaluation correspond à la logique de la refondation de l’école métamorphosée en lieu de vie où seul le chef d’établissement est appelé à apprécier surtout l’investissement de son personnel dans ces nouvelles prérogatives et non les capacités intellectuelles et de transmission des savoirs d'enseignants qui n'enseignent plus. Il est donc évident que cette même évaluation prévue par le précédent ministre et abrogée, va donc nous être resservie, mais sous une autre forme !

. Et pendant ce temps-là…. pendant que nos enfants sont amenés à être abrutis dans l’école-lieu de vie, Vincent Peillon prévoit le maintien des internats d’excellence pour les enfants des banlieues – créés par son prédécesseur.

Pour l’Ecole primaire ?

1000 nouveaux emplois « …  pour  améliorer l’accueil des enfants plus jeunes, le renforcement de l’encadrement des classes renforcé…permettant de conforter le personnel de remplacement … » , mais quels « emplois » ?

Les savoirs fondamentaux devant être acquis ne sont pas précisés pas plus que les moyens pour les acquérir, nous savons seulement que le travail en équipe est encouragé, c’est donc bien la confirmation qu’ il est de moins en moins question de faire cours, ce qui est bien dans la  logique de la poursuite de la refondation de l’école, déjà bien engagée par son prédécesseur.

Pour le Collège ?

Vincent Peillon  confirme la primarisation du secondaire déjà engagée également  par son prédécesseur  en prévoyant la réécriture des programmes de l’école primaire et du collège – se fixant  pour objectif de conduire tous les élèves à la maîtrise du « socle commun » seulement fin de 3ème , ce qui va donc correspondre à la fin de l'école primaire !

Pour le lycée ?

 Vincent Peillon déclare qu’un corps d’inspection est mobilisé pour accompagner les personnels d’encadrement dans la mise en œuvre de la réforme du lycée (afin que personne n’en « réchappe » !) engagée pareillement par son prédecesseur dès 2010 !

C’est ainsi que sont pérennisés «… l’accompagnement personnalisé, les enseignements d’exploration  ». En réalité, ce ne sont que des activités réalisées sur la base de projets d’élèves qui ne viennent pas dans le prolongement des cours mais en remplacement des cours , les cours subsistant seulement en langue vivante pour laquelle sont même prévus des groupes de compétences, compétences  soigneusement définies seulement dans cette matière, ce qui confirme la  politique de son prédécesseur de privilégier la langue vivante au détriment des autres matières et notamment, du français.

Par ailleurs, Vincent Peillon confirme le «… rapprochement  lycée général, technologique et enseignement professionnel pour favoriser mixité élèves… », ce qui signifie là encore,  la poursuite de la politique d’unification du lycée en lieu de vie où les notions de différenciation et de niveau n’ont plus leur raison d’être,

Conclusion

Accompagnées de belles envolées lyriques, de prétentions à engager une politique différente de la "droite" pour redonner vie à une école  en ruine, en réalité, Vincent Peillon « déballe les cartons » de la "droite" et ressort tous les ingrédients de la refondation-destruction du système scolaire déjà bien avancée par son prédécesseur, du primaire à l’université.

Rien de nouveau ! le vent révolutionnaire destructeur de l'institution scolaire continue à souffler !

 

 

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