jeudi, 04 octobre 2012 09:11

Quid de l'enseignement dit "privé" en France?

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L’enseignement dit « privé » en France présente-t-il un gage de qualité et se distingue-t-il autant que l’on pourrait le penser de l’enseignement public ? Beaucoup le pensent qui, insatisfaits de l’enseignement public, imaginent trouver un refuge salutaire pour l’éducation et l’instruction de leurs enfants dans l’enseignement dit « privé » pour échapper aux errements du système éducatif ouvertement public. Qu’en est-il et que recouvre cet enseignement privé ?

Quel « privé » ?

Dans l’imaginaire collectif, l’Ecole privée évoque tout de suite « Ecole catholique », or aujourd’hui en France,  même si l’Ecole dite « catholique » reste encore prépondérante – au moins officiellement -  il existe également  des écoles juives, des écoles protestantes, des écoles coraniques   qui se développent de plus en plus, de même que des écoles non confessionnelles.

Mais une autre distinction capitale  doit être faite entre les établissements « privés sous contrat » et les établissements « privés hors contrat ». Sur quoi repose cette distinction?

Rapide historique des écoles privées.

Ecoles réellement libres

Jusqu’en 1959, tous les établissements dits « privés » ou « libres »  étaient réellement privés et réellement libres : financés par les parents, ils ne recevaient aucune aide financière de l’Etat pas plus que des collectivités locales, ils étaient donc entièrement libres de choisir leur personnel en fonction de leur qualification, libres d’utiliser les manuels de leur choix, libres de définir leurs programmes, libres de dispenser l’enseignement avec les méthodes pédagogiques qu’ils souhaitaient, leur objectif étant d’assurer une éducation et une instruction  solides et de permettre aux élèves d’être aptes à passer les épreuves des examens d’Etat.

Ecoles privées sous contrat

En 1959, la loi Debré a totalement modifié le profil des établissements « privés ».

Désormais, les établissements privés - dont l’immense majorité était catholique - ont pu  passer des contrats d’association avec l’Etat, contrats en vertu desquels ces établissements ont aliéné une grande partie de leur liberté en contre-partie d’avantages financiers et depuis lors, peu de choses les différencient  des établissements publics, ce qui fait de l’enseignement privé sous contrat un enseignement para-public ; c’était d’ailleurs l’esprit de la loi, d’intégrer l’enseignement privé dans l’enseignement public.

Ainsi, les programmes  sont identiques,  les manuels utilisés par les établissements privés sous contrat sont les mêmes que ceux de l'enseignement public ; par ailleurs, les professeurs ont quasiment le même statut : les professeurs de l’enseignement public sont fonctionnaires, ceux du privé sous contrat, des  agents publics, ils  dépendent donc de l’Education Nationale et non de l’établissement qui les emploie ; de plus, leur formation est identique puisque l’enseignement catholique sous-contrat sous-traite la formation des maîtres aux IUFM (instituts universitaires de formation des maîtres bientôt rebaptisés « écoles supérieures du professorat et de l’éducation ») et les maîtres sont inspectés par du personnel de l’Education Nationale.

Que reste-t-il comme spécificités et marges de manœuvre aux établissements privés sous contrat ?

La religion ? la plupart des établissements dits « catholiques » sous-contrat ont réduit de plus en plus l’enseignement religieux à la portion congrue depuis le Concile Vatican II, quand il ne disparaît pas totalement; des chefs d’établissements plus impliqués certes, moins de grèves encore qu’elles aient beaucoup diminué ces dernières années dans l’enseignement public, plus d’implication des parents… mais est-ce suffisant pour faire de l’Ecole privée sous contrat une Ecole qui permet de sauver les enfants du marasme éducatif dans lequel les plonge l’Education Nationale et pour satisfaire l’attente légitime des parents en matière d’éducation  et alors qu’aujourd’hui, ces établissements représentent  l’immense majorité des établissements dits « privés »?

Certes non, car il ne faut pas mesurer la qualité d’une école au sérieux, à la conscience professionnelle des enseignants, à leur intérêt pour la cause éducative des enfants : les enseignants passés au moule déformant des IUFM, instruits de pédagogies ineptes, n’ont souvent pas le recul suffisant pour remettre en cause ces méthodes et injectent du poison intellectuel aux enfants bien malgré eux, avec la meilleure conscience  et toute l’application possible. C’est ainsi qu’ils continuent par exemple, à pratiquer les méthodes globales d’enseignement  travesties sous des appellations autres, mais qui n’en font pas moins les mêmes ravages car c’est à partir de là, que le cerveau et la mécanique cérébrale des enfants se grippent et durablement.

Ecoles de nouveau, réellement privées

Ce sont les établissements privés hors contrat, écoles entièrement libres, telles qu’elles existaient toutes avant la loi Debré de 1959 et  dont les créations se multiplient  depuis plusieurs années du fait du délabrement de l’Education Nationale.

Elles concernent les écoles juives, les écoles protestantes, les écoles coraniques. Egalement des écoles catholiques ou non, créées  à l’initiative de parents, d’enseignants du public découragés voire effarés de devoir appliquer des pédagogies ineptes, de toute personne soucieuse d’assurer aux enfants une éducation et un enseignement de qualité, la logique de ces établissements étant basée sur une obligation de résultat et non, sur une obligation de moyens laissée à la libre appréciation de chacun, le critère de satisfaction étant la stabilité des élèves dans les établissements et l’augmentation des effectifs , pratiquement exponentielle d’une année à l’autre.

Problème du financement

Mais se pose bien évidemment, la question du financement de l’établissement par les familles, ce qui en limite l’accès,  voire en exclut les enfants dont les parents n’ont pas les moyens financiers bien qu’ayant le désir le plus ardent. Aussi, pour permettre à tous les enfants de France de pouvoir avoir le choix de leur école , ce serait la plus belle égalité républicaine de mettre en place un système de financement personnalisé - bon scolaire,  chèque éducation, crédit d’impôt… système mis en place dans de nombreux pays à l’étranger et qui donne de bons résultats.

Créer des écoles

Il faut également continuer à créer des écoles, création facilitée par l’association « créer son école » qui apporte son aide à tous les créateurs d’écoles, à la fois sur le plan financier, juridique, pratique, pédagogique, cette association représentant une branche de l’activité de la « Fondation pour l’Ecole », cette Fondation ayant  par ailleurs créé un Institut Libre de Formation des Maîtres pour améliorer la qualité du personnel enseignant.

Si nous voulons pour nos enfants un enseignement réellement libre et avec une assurance de qualité, il faut savoir que les écoles privées sous-contrat ne représentent malheureusement plus un gage de qualité et que seules les écoles réellement privées, réellement libres, peuvent donner cette assurance du fait de la liberté dont elles disposent. Il est donc urgent de développer les écoles réellement libres.

Lu 10342 fois Dernière modification le samedi, 06 octobre 2012 15:58