jeudi, 09 janvier 2014 12:48

Réponse de Vincent Peillon à l'étude PISA 2012

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Quid de l’étude PISA ?

Placée sous l’égide de l’OCDE, l’étude PISA ( Programme international de suivi des acquis)  réalisée tous les trois ans, consiste à  faire  une évaluation  des acquis scolaires des élèves  de 15 ans appartenant à 65 pays membres de l’OCDE. En 2012,  510 000 élèves ont participé à cette évaluation dont 5700 en France, sélectionnés et évalués en fonction de critères de représentativité que nous ignorons… l’OCDE, très discrète sur le sujet, ne répondant pas à notre demande.

 Cette étude porte sur l’évaluation d’acquis très basiques : elle n’apprécie pas la maîtrise d’un programme déterminé, donc d’une culture (même si ce terme est abusivement utilisé) mais seulement l’aptitude des élèves à appliquer les connaissances acquises à l’école dans des situations de la vie courante dans les trois domaines : mathématiques, scientifiques et… compréhension de l’écrit, c’est assez dire que les exigences ne sont pas titanesques.

Cette année, l’accent était mis sur les mathématiques… dit l’OCDE, avec des conclusions à cet égard qui ont de quoi nous surprendre à savoir que… « des compétences fondamentales en mathématiques ont un impact majeur sur les chances de réussite des individus dans la vie … que les individus très performants en mathématiques sont aussi plus susceptibles de faire du bénévolat, de se considérer comme des acteurs plutôt que comme des objets des processus politiques et même, de faire davantage confiance à autrui… »

Nous n’y aurions vraiment pas pensé !... plutôt tentés de supputer qu’agissant en aspirateur des cultures identitaires des différents peuples, les mathématiques étaient plus à même de balayer la spécificité culturelle de chacun dans l’objectif de  mondialisation des cerveaux ... Notons d’ailleurs au passage que les pays de l’OCDE ne lésinent pas sur les moyens, investissant plus de 230 milliards d’USD par an dans l’enseignement des mathématiques à l’école. Investissement colossal qui… rapporterait beaucoup plus que ce qu’il ne coûterait… paraitraît-il. Ah ! bon ? Que ne ferait-on pas pour la mondialisation !

Résultats

Quoi qu’il en soit, sur 65 nations, ce sont cinq pays asiatiques qui arrivent en tête : Shanghaï, Singapour, Hong-Kong, Corée du Sud et Japon, mais également le Canada, la Finlande, l’Australie…établissant un score  équivalant à une avance de près de 3 années par rapport aux autres pays, alliant performance élevée et égalité des possibilités d’apprentissage , une faible corrélation étant observée en effet,  entre la performance des élèves et leur milieu socio-économique.

Pourquoi les pays performants réussissent-ils ?

Ils misent sur les enseignants : l’accent est mis sur la sélection et la formation des enseignants, ils  investissent en priorité dans l’amélioration de leur qualité.

Le Brésil, la Colombie, l’Estonie, Israël, le Japon et la Pologne, ont tous entrepris d’améliorer la qualité du personnel enseignant. Certains pays dont le Danemark et l’Allemagne ont réagi aux évaluations de l’étude PISA 2000 en soumettant leur système d’éducation et leurs programmes  de cours à de grandes réformes.

Et la FRANCE dans tout cela ?

 La France continue de dégringoler, se situant en dessous de la moyenne européenne, perdant 16 points en maths de 2003 à 2012 pendant que l’Allemagne se redresse. Le nombre d’élèves en grande difficulté s’accroît pendant que le nombre d’élèves excellents augmente .

Le système français fabriquerait donc de l’inégalité sociale si l’on s’en tient aux propos de Laurent Bigorgue de l’Institut Montaigne, pendant qu’Eric Charbonnier , expert (…) de l’OCDE note que « la France est le pays où les inégalités socio-économiques ont le plus d’impact sur la réussite scolaire ». Est-ce bien tout à fait  de ce dont il s’agit ?

Nous avons déjà eu l’occasion de le dire : un système éducatif performant profite forcément à tous les élèves, quand un système éducatif en voie décomposition tel celui de la France, génère forcément des inégalités, pourquoi ?

Parce-que les parents avertis et disposant de moyens suffisants, font donner des cours de soutien mais hors système scolaire (rappelons que les cours Acadomia sont côtés en bourse !) , ce n’est donc pas le système éducatif, intrinséquement, qui génère les inégalités. Par ailleurs, les internats d’excellence qui se développent depuis 2008 sont réservés aux enfants des ZEP (zones d’éducation prioritaire).  Dans ces structures, est dispensé un réel enseignement et de qualité avec des enseignants recrutés sur profil , qui ne profite qu’à ces enfants-là.

Les commentaires faits sur l’impact des inégalités socio-économiques sur la réussite scolaire sont donc quelque peu faussés par ces considérations, très peu médiatisées, et pour cause !

Réponse du ministre à l'étude PISA

Insistant sur l’accroissement des inégalités entre les enfants de France, sans dire pourquoi, bien entendu ! Vincent Peillon en profite pour renforcer les dispositions prises en faveur de l’éducation dite prioritaire, c’est-à-dire en faveur des enfants des ZEP qui vont de plus en plus bénéficier d’un réel enseignement refusé à tous les autres, de la maternelle à l’université incluse.

Par ailleurs, dans son communiqué de presse du 03/12/13, V.Peillon  dit : « …les résultats ne sont pas bons, on s’y attendait, il y a depuis des années, une difficulté scolaire en France…aggravée parce-que des mauvais choix ont été faits… » - sous-entendu … « mais on va y remédier » …alors qu’il confirme la politique de  « refondation » de l’Ecole de ses prédécesseurs : « …il faut mener à bien la « refondation républicaine » de l’Ecole… » dit-il…

… « L’Ecole est malade, le traitement ne lui convient pas, doublons les doses ». Nous savions déjà que si le communisme n’avait pas réussi, ce n’est pas parce-qu’il y en avait trop, mais pas assez !

Sur quoi repose la « refondation » de l’Ecole ?

Sur la suppression des cours et leur remplacement par des activités au cours desquelles l’enfant, l’adolescent, construisent leur savoir et ce, du primaire à l’université incluse. Dans cette organisation de l'Ecole qui n'en est plus une, est-il prévu comme d’autres pays l’ont fait pour accroître leurs performances éducatives, l’amélioration de la qualité des « enseignants »... qui n’enseignent plus ?

Evidemment non ! dans ce cadre-là, cela ne s’impose pas ! même si le ministre de l’Education le prétend. Les créations de postes se font essentiellement sur la base d’ « emplois-avenir-professeurs » avec des conditions de recrutement qui ne laissent planer aucun  doute sur les intentions.

Entre autres dispositions :

. ils s’adressent à des étudiants boursiers sur la base de critères sociaux et non intellectuels !

. Sans condition de nationalité,

. Priorité étant donnée aux étudiants  ayant résidé au moins 2 ans dans une zone urbaine sensible ou dans un DOM ou ayant effectué au moins deux années d’études secondaires dans un établissement situé dans une de ces zones ou dans un établissement relevant de l’éducation prioritaire…

…pour ensuite être pris en charge encore plus longtemps par les IUFM rebaptisés Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education, ce qui ne change ni le programme ni les méthodes de cette machine à décérébrer !

CONCLUSION

Ces dispositions vont à l’encontre de celles prises par les pays arrivés en tête du classement , ce qui  conduira forcément la France, déjà mal en point dans les résultats de l’étude PISA 2012, tout droit dans le peloton de queue des 65 pays de l’OCDE ayant concouru  avec  le risque aussi grand d’être récupérée par la « voiture-balai » !

Mais qu’à cela ne tienne ! nos ministres ont de la ressource : ce  sont les évaluations qui seront mauvaises !

 

 

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